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Quelques feuilles de ce carré 1985 après infusions dans une toute petite yixing de 7 cl.
C'est très beau, je trouve, de voir ces feuilles dans cette assiette bleue aux bords couleur de vieux Pu Er...
Et même après une dizaine de passages cela sent toujours la forêt après l'averse, les pierres mouillées et la mousse humide...
Dommage, qu'aujourd'hui que de tels produits soient devenus introuvables...
J'ai fait cette dégustation (et pris ces photos) il y quelques mois.
Je n'avais pas pris de notes, donc pas d'autres commentaires mais j'y regouterai sans doute prochainement, alors peut-être...
"Pas encore de commentaires! comment ça! Quel feignasse..."
Ben oui, de moins en moins, je ressens le besoin de prendre des notes en dégustant... juste simplement profiter du beau moment que m'offrent quelques feuilles de thé, le vivre tout simplement, puis en garder un beau souvenir de ces senations quelque part dans ma mémoire... puis, pouvoir renouveller l'expérience dans le futur (jusqu'à épuisement du stock) et y découvrir de nouvelles choses... Que demander d'autres, après tout?
Prendre quelques photos pour garder une trace visuelle de l'expérience, la faire partager à ceux et celles qui aiment se rincer l'oeuil en parcourant les blogs de thé...
Voilà... tout simplment!
P.S.
Ces derniers temps je n'ai pas bu beaucoup de Pu Er, mais, bizarrement j'y pense très souvent, puis au dernier moment, je pose la main sur une boite de Wulong torréfié. Comme j'y pense souvent, j'ai eu envie de faire un post avec du Pu Er.
UPDATE
Suite à la description de ce thé postée par Flo, j'ai eu envie de le regoûter ce matin... Merci Flo!
Paramètres: 3,5 gr dans cette théière d'environ 7 cl.
Temps: rinçage 30", 20", 15", 13", 15", 20", 50" (distraction, sans conséquences), 1', 1' 30", 2'30", 4', 6', etc.
Les feuilles sèches dans la théière: effectivement, des notes qui rapellent les bois odorants (santal, cade, vieux meubles en bois précieux...). Odeurs riches et complexes. Faire référence à un bois précieux, c'est déjà évoquer tout un univers lui-même très complexe: c'est à la fois épicé, sucré, terreux-minéral, fruité...
A l'infusion, on a, au départ, quelque chose de très "vif " et d' "épicé" qui fait, effectivement un peu penser à du gingenbre. C'est aussi un rien "poivré", ou une sensation de ce genre (sans la "piquant" évidement). On retrouve aussi, bien entendu, les notes des feuilles sèches: le complexe "bois odorants", les vieux meubles en bois précieux... On a aussi une saveur amère qui me fait penser à celle de l'écorce verte fraichement retirée d'une branche d'arbre. Mais c'est une amertume que je trouve plaisante, au sens où elle est très délicate et enveloppée de rondeur, d'une espèce de moelleux de fruit mur. De manière générale, il y beaucoup d'équilibre dans ce thé. J'y perçois aussi une dimension "brute" et "sauvage" liée à cette légère amertume, je la qualifierai de "minérale" ou "rocailleuse" ( on retrouve d'ailleurs souvent de petits cailloux égarés dans ce carré, des graines aussi...). Une odeur de nature... Je pense à la fois à la pierre sèche chauffée par le soleil et à la pierre mouillée par l'averse. Ce coté frais (averse, pierre mouillée...) se rattache à la dimension camphrée, qui est le fond aromatique typique des bons Pu Er. En évoluant, le parfum épicé-poivré me fait penser à certaines mousses sèches de sous-bois ou des troncs d'arbre. En arrière-fond et sur l'évolution, il y a aussi une odeur un peu vanillée que l'on perçoit surtout dans le pot de reserve vide.
Ce thé a une belle évolution en bouche. Il reste longtemps présent, évolue, se transforme. Certaines notes reviennent après quelques minutes, tournent en bouche. C'est très agréable. Faut prendre son temps. Laisser le thé prendre possesion...
Le thé évolue aussi très bien au cours des multiples infusions. Il gagne en amplitude et en complexité sur les infusions 3,4, 5, 6, 7. Il devient surtout plus "fruité" et moins "raide" qu'au départ. Ce qui laisse plus de lattitude aux notes subtiles pour s'exprimer: le fruité mûr, la vanille, la mousse d'arbre, le sucré... Les notes épicées et de bois odorants restent présentes tout au long des infusions mais deviennent de plus en plus douces et sucrées. De manière générale, le thé devient de plus en plus doux et fin au cours des infusions, jusqu'à s'épuiser et devenir une eau fraiche légèrement sucrée...