mardi 12 août 2008

Carré de Pu Er n° 4 de 1985



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Quelques feuilles de ce carré 1985 après infusions dans une toute petite yixing de 7 cl.
C'est très beau, je trouve, de voir ces feuilles dans cette assiette bleue aux bords couleur de vieux Pu Er...

Et même après une dizaine de passages cela sent toujours la forêt après l'averse, les pierres mouillées et la mousse humide...
Dommage, qu'aujourd'hui que de tels produits soient devenus introuvables...

J'ai fait cette dégustation (et pris ces photos) il y quelques mois.
Je n'avais pas pris de notes, donc pas d'autres commentaires mais j'y regouterai sans doute prochainement, alors peut-être...

"Pas encore de commentaires! comment ça! Quel feignasse..."
Ben oui, de moins en moins, je ressens le besoin de prendre des notes en dégustant... juste simplement profiter du beau moment que m'offrent quelques feuilles de thé, le vivre tout simplement, puis en garder un beau souvenir de ces senations quelque part dans ma mémoire... puis, pouvoir renouveller l'expérience dans le futur (jusqu'à épuisement du stock) et y découvrir de nouvelles choses... Que demander d'autres, après tout?
Prendre quelques photos pour garder une trace visuelle de l'expérience, la faire partager à ceux et celles qui aiment se rincer l'oeuil en parcourant les blogs de thé...
Voilà... tout simplment!






P.S.

Ces derniers temps je n'ai pas bu beaucoup de Pu Er, mais, bizarrement j'y pense très souvent, puis au dernier moment, je pose la main sur une boite de Wulong torréfié. Comme j'y pense souvent, j'ai eu envie de faire un post avec du Pu Er.







UPDATE


Suite à la description de ce thé postée par Flo, j'ai eu envie de le regoûter ce matin... Merci Flo!


Paramètres: 3,5 gr dans cette théière d'environ 7 cl.


Temps: rinçage 30", 20", 15", 13", 15", 20", 50" (distraction, sans conséquences), 1', 1' 30", 2'30", 4', 6', etc.


Les feuilles sèches dans la théière: effectivement, des notes qui rapellent les bois odorants (santal, cade, vieux meubles en bois précieux...). Odeurs riches et complexes. Faire référence à un bois précieux, c'est déjà évoquer tout un univers lui-même très complexe: c'est à la fois épicé, sucré, terreux-minéral, fruité...


A l'infusion, on a, au départ, quelque chose de très "vif " et d' "épicé" qui fait, effectivement un peu penser à du gingenbre. C'est aussi un rien "poivré", ou une sensation de ce genre (sans la "piquant" évidement). On retrouve aussi, bien entendu, les notes des feuilles sèches: le complexe "bois odorants", les vieux meubles en bois précieux... On a aussi une saveur amère qui me fait penser à celle de l'écorce verte fraichement retirée d'une branche d'arbre. Mais c'est une amertume que je trouve plaisante, au sens où elle est très délicate et enveloppée de rondeur, d'une espèce de moelleux de fruit mur. De manière générale, il y beaucoup d'équilibre dans ce thé. J'y perçois aussi une dimension "brute" et "sauvage" liée à cette légère amertume, je la qualifierai de "minérale" ou "rocailleuse" ( on retrouve d'ailleurs souvent de petits cailloux égarés dans ce carré, des graines aussi...). Une odeur de nature... Je pense à la fois à la pierre sèche chauffée par le soleil et à la pierre mouillée par l'averse. Ce coté frais (averse, pierre mouillée...) se rattache à la dimension camphrée, qui est le fond aromatique typique des bons Pu Er. En évoluant, le parfum épicé-poivré me fait penser à certaines mousses sèches de sous-bois ou des troncs d'arbre. En arrière-fond et sur l'évolution, il y a aussi une odeur un peu vanillée que l'on perçoit surtout dans le pot de reserve vide.


Ce thé a une belle évolution en bouche. Il reste longtemps présent, évolue, se transforme. Certaines notes reviennent après quelques minutes, tournent en bouche. C'est très agréable. Faut prendre son temps. Laisser le thé prendre possesion...


Le thé évolue aussi très bien au cours des multiples infusions. Il gagne en amplitude et en complexité sur les infusions 3,4, 5, 6, 7. Il devient surtout plus "fruité" et moins "raide" qu'au départ. Ce qui laisse plus de lattitude aux notes subtiles pour s'exprimer: le fruité mûr, la vanille, la mousse d'arbre, le sucré... Les notes épicées et de bois odorants restent présentes tout au long des infusions mais deviennent de plus en plus douces et sucrées. De manière générale, le thé devient de plus en plus doux et fin au cours des infusions, jusqu'à s'épuiser et devenir une eau fraiche légèrement sucrée...





14 commentaires:

Anonyme a dit…

racine de gingembre, non ?
des dernières infusions très prolongées sont très fruitées, et font aller vers les germes de gingembre qui naissent sur la racine fraîche.

un nez épicé, vif mais aussi patiné de douceur et vanillé discrètement, avec une nuance de santal (autre bois aromatique?). très beau parfum dans la théière chaude, à sec comme après rinçage.

tu le doses comment ?

je crois que tu aimerais beaucoup le vrac 16 de 1983 (que tu connais pê déjà ?). Non qu'il ne soit très différent, mais il y a quelque chose qui le place pas loin, du moins dans ma cartographie. L'évocation de racine, de bois parfumé peut-être.

Soïwatter a dit…

C'est vrai que c'est magnifique sur fond de céramique bleue et que ça donne envie. Dommage que ces merveilles deviennent si rares.

J'aime aussi beaucoup le vrac 16 que j'ai dégusté chez M3T. Pour l'instant, il n'a pas encore rejoint mon armoire, mais j'y pense très souvent...

Anonyme a dit…

Merci Flo!

C'est chic de ta part de faire les commentaires de dégustation à ma place quand j'ai un peu la flemme...

Oui, je le trouve tout à fait comme tu dis sur l'infusion et les feuilles sèches.

Je suis en train de le regouter en ce moment (je complétrerai le poste plus tard.)

ce que je notais comme notes aromatiques ("la forêt après l'averse, les pierres mouillées et la mousse humide..."), ce sont essentiellement celles des feuilles telles que je les ai sortie de la théière et photographiées, mais elles étaient restées 2-3 heures à trainer après la fin de ma dégustation.

Je n'ai jamais bu de Vrac 16 mais je l'ai déjà senti dans sa boite...

En acheter un jour fait partie de mes vieux prjets quii n'ont jamais vu le jour concernant les Pu er...
Bon, je verrai bien la prochaine fois, si il n'est pas déjà trop tard... je ne sui pas prêt à suivre la courbe inflationniste, j'arrête ici!

Ce qui m'a un peu retenu, ce sont mes a-piori vis-a-vis des shou...
En général, je les trouves trop "lourds" et un peu "pâteux" en bouche... de plus, ce que j'aime bien dans les puer, c'est la coté sauvage et camphré, la légère amertume végétale, la minéralité (comme ce carré 4).
Les notes sucrées et mûres des cuits me parlent moins, mais une fois de temps en temps j'aime bien un shou cha et y prend plaisir (brique 10 ou vrac 22...)

Anonyme a dit…

FLO,

A l'occasion je serai intéressé de recevoir tes impresssions sur cette cuvée du Dong Ding N°2, et aussi de connaître tes paramètres...
tu peux poster dans le poste précédent ou m'envoyer un mail, comme tu veux...
Merci

Anonyme a dit…

le vrac 16 est ...pas comme les autres. Si on ne sait pas que c'est un shu cha, on peut très bien penser que c'est un sheng cha ! comme quoi... quand c'est bien fait, c'est toujours beau.
Il n'a pas subi la grosse hausse que la plupart des pu er des années 80 ont subie (hausse qui d'ailleurs n'a été répercutée que tard par la m"t, mais quand ça arrive ça fait toujours drôle, quel que soit le moment...). Sans être "pas cher", il n'est pas hors d'atteinte. Et comparé aux références de cet âge, il est dans sa catégorie un best buy.

merci pour l'update ! c'est intéressant de lire tes appréciations.
Avec ce carré, je dose à 4g dans une hongni de 8cl. Je démarre avec des infusions plus brèves, 15' (jusqu'à la 4e), ce qui permet d'avoir une texture acentuée sans de "trop raide" sur le départ. En revanche, dès la 6e je passe à 40' et je remets +5' à chaque ensuite, pour davantage de rondeur sur la racine de gingembre, et profiter de cette remontée vers la jeunesse végétale.

(je te mets un msg dans le post sur le Dong Ding n°2)

Anonyme a dit…

Concernant le dosage:

je n'avais pas gouté ce thé depuis des mois, et j'avais comme souvenir qu'il peut être un peu raide sur le départ, j'ai donc préféré y aller calmement pour cette fois, de plus j'avais un bout de carré d'un seul tenant de 3,5 gr...

mais je pense que cela serait bien mieux de la doser à 4 gr comme tu l'as fait, ce qui devrait permettre de garder plus de linéarité et d'homogénité dans l'évolution (en devant moins pousser les durées après quelques infusions).
(Aussi quand j'infuse des pu er assez compressé j'aime bien que ça se délite rapidement, je pousse donc un peu les premières infusions pour redescendre un peu ensuite...)

La prochaine fois, je le doserai à 4 gr pour voir... il s'agira de tenir la bride, alors!

Anonyme a dit…

Si tu as un morceau dans la théière, avec une première infusion pas spécialement rallongée, la première infusion ne sera pas "à fond", c'est à la 2e / 3e que, le bout délité, il y aura une liqueur vraiment pleine. Mais d'un autre côté, ça tempère la relative raideur du départ.

En revanche je n'ai jamais essayé de mettre carrément 5g : ça me semblerait un peu fort, et puis sur un truc épuisé, on n'a pas trop envie de ne pas économiser un peu...

Entre 3,5g et 4g, la différence ne sera pê pas énorme --quoique : avec une toute petite théière, ça peut être significatif, faut voir. C'est sur le déroulement que ça te donne une différence, avec un gong fu cha plus durable, et la liberté d'extraire mieux et plus sur des infusions tardives.

geneviève meylan a dit…

tous ces commentaires détaillés sont très riches : merci à Flo et à Thomas !

Raphael a dit…

Ce qui m'épate toujours avec ces carrés 2 à 5, c'est la qualité, la finesse, la profondeur que l'on peut obtenir à partir de feuilles aussi moches.

Une dégustation de ces références, en particulier du n°2a, est toujours un grand moment.

Par contre, je ne sais pas ce que donneront les carrés Menghai 2004 que j'ai entassés à la cave.
Réponse pour ma retraite...

Thomas a dit…

Cest vrai que la tronche de sfeuilles n'est guère engageante... avant d'acquérir ce carré, j'en avait vu des photos sur des blogs, et cela ne m'avait pas trop inspiré. Et pourtant, quand on y goute c'est super...

aujourd'hui qu'ils ont disparu de la carte, je regrette bien de ne pas avoir pris la série et d'en avoir de reserve

dans la série des belles âmes avec une sale tronche, il y a aussi la brique 13... qui bat tout les records du genre, on dirait vraiment que c'est du B.O.P compressé en brique! En tout cas la mienne est vraiment horrible... pourtant, elle est pas mal au niveau gout...

geneviève meylan a dit…

je viens de voir qu'il me reste 2 carrés mais de 1987 . j'en avais bu un l'an dernier (il me reste 1 souvenir d'une vitalité incroyable avec une impression de bois et de noix et de mousse ) .je vais y retourner cet automne, climat idéal pour le pu er.
Est-ce que quelqu'un le connaît ce carré de 87 ?

Anonyme a dit…

est-ce que ce n'est pas le carré n°5 ? mais n'est-il pas de 1988 ?--carré que je ne connais pas.

si c'est un carré de 1987, ça vient d'où ?

geneviève meylan a dit…

@flo : il vient de la m3t mais à Lausanne ils ne suivent pas les numéros de Paris ce qui embrouille les choses. Suis allée parler avec les vendeuses là-bas mais elles n'ont pas les renseignements question des numéros. juste l'année et le nom.
donc là c'est un mini carré de 1987 mais j'en sais pas plus....

Anonyme a dit…

ah oui alors je vois : il s'agit des cubes (5g) Fu Zi Zhuan de 1987. ça je connais ! ils sont très appréciés me semble-t-il, et leur petit format est très attractif. J'ai passé avec eux de bonnes soirées de travail !