mercredi 13 mai 2009

Evocations... nature et Pu Er anciens



Des évocations de nature... Des cours d'eau à la fraicheur transparente et pure, des pierres humides aux délicats parfums minéraux, des sous-bois où se mêlent les jeunes pousses vertes et les vielles souches, racines, troncs, mousses, écorces, feuilles mortes, champignons, la tourbe et la terre... Un composé d'éléments auxquels me renvoient les Pu Er anciens.
Bien souvent, ces thé anciens m'évoquent aussi des endroits paisibles, des endroits à l'atmosphère reposante, comme les anciennes chapelles aux boiseries cirées et entretenues avec soins, les vieux greniers et leurs leur meubles en bois précieux dormant depuis des lustres, les anciennes demeures rurales... parfois je me mets même à rêver de la Chine millénaire et de ses temples taoïstes perdus dans les forêts et les montagnes... Il y a aussi dans ces vieux thés du Yunnan une douceur sucrée qui tend vers les fruits très mûrs ce qui les rend fort plaisant à mon gôut, un petit quelque chose de "confit" que je n'arrive pas très bien à définir, un quelque chose de liqueurs longtemps gardées en cave ou de vins précieux... la trace de l'irremplacable travail du temps qui passe...
Quel plaisir que d'être convié par un thé à ce voyage immobile et imaginaire... C'est toujours une espèce de petit miracle qui ne cesse de m'émérveiller...
Le thé, fruit de la nature et du travail d'hommes et de femmes, relie à l'univers... Et en même temps offre un sentiment de plénitude et de bien-être qui nous envahit corps et âme...

Un bonheur esthétique et sensuel qui touche au spirituel par un sentiment d'heureuse gratitude envers la création, la nature et l'univers...
C'est la magie indicible de cette boisson...
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"Brique de Pu Er sheng 1988"


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Hier, fin de journée, je redégustais un bout de cette brique: la N° 13 1988 de la Maison des Trois Thés.
Ce qui me stupéfie toujours avec ce thé, c'est comment un pu er avec un apparence aussi moche peut être aussi bon... C'est limite compréhensible... C'est du super compressé et le fond de la brique est une véritable bouillie de feuilles. On pourrait s'attendre à un sale truc... Une vraie brique qu'il faut casser au burin! ....
Et pourtant, ce thé est d'une douceur et d'une finesse étonnante! On a une très belle maturité pour un thé de 21 ans aussi compressé, c'est bien mûr, bien rond en bouche, même sucré et fruité... De belles notes de nature sauvage, minéral, camphré, un poivré de bois précieux secs, une fraîcheur de cours d'eau et de pierres mouillées... un caractère très posé et calme, tout en douceur tout au long des infusions, même les plus longues qui restent bien goûteuses... un "vieux sage", si on peut dire! ... Avec du répondant aussi, mieux vaut avoir du temps devant soi si on veut aller jusqu'au bout de ce qu'on à dire ces quelques précieuses miettes de thé compressé... C'est incroyable comme ces feuilles sont concentrées...
A première vue, pas très exubérant comme Pu Er, mais c'est le genre de rencontre qui, après coup, laisse une empreinte durable... Et je ne parle pas seulement de la belle persistence qui suit la dégustation... Avoir approché un tel phénomème est un expérience qui marque une vie de dégustateur, crée des repères et des références... Discret et calme mais plein de subtilités et de charme... Quelque chose d'envoutant vers lequel on a envie de revenir de temps en temps. Pas trop souvent, pour garder intact le caractère unique et exceptionnel de la rencontre...Un peu comme de très vieilles bouteilles...
Pour éviter trop de désagrément dû à la petite taille des feuilles, penser à se munir d'un petit filtre. Et aussi faire un long rinçage pour que le morceau se délite bien...
Je n'ai pour l'instant attaqué que l'arrière de la brique, là où les feuilles sont les plus moches, je suis bien curieux de goûter à la face avant pour voir la différence... les feuilles sont bien plus belles...
Raphaël de Blackteapot avait fait un très beau billet sur cette brique le 27 mars 2007