lundi 16 février 2009

Anxi Tie Guan Yin: M3T Vs ThDC... à suivre.



Anxi Tie Guan Yin "Impérial" (417?)
Automne 2008
Thé de Chine


Anxi Tie Guan Yin N° 8
Automne 2008
Maison des Trois Thés
Cela fait longtemps que j'espérais voir sur la carte de la M3T un ATGY de consommation courante à un prix abordable, c'est maintenant chose faite. Un numéro "8" est venu s'ajouter aux autres excellentes références qui sont plutôt dans le "haut de gamme"...
J'ai gouté. Une fois en yixing, une fois en Théière 60 cl, une fois en Zhong. Une première approche à approfondir... mais cela m'a parut très bien pour ce prix. En tout cas, C'est dans le style des ATGY que j'aime - entendez, pas trop "crus", ni trop "verts"...
Il me reste un paquet d'Anxi Tie Guan Yin provennant de Thé de Chine. Il m'a semblé qu'il pourrait être très instructif des les étudier sur base d'une dégustation comparative en parallèle, avec les mêmes paramètres. Ces deux ATGY sont vendus au même prix et me semblent de très bons candidats pour une comparaison, histoire de mieux comprendre les choix ésthétiques en matière de farbrication et de sélection...
A suivre!
En général quand je fais des comparaisons, je les fait sur base de paramètres standardisés, inspirés des paramètres de "compétition" qui se font dans de gros "mug". Comme je préfère utiliser des Zhong, j'ai un peu adapté: je fais 2 gr/ 5 min, 7 min, 10min. Dans d'autres cas, je fais un gong fu cha simultané avec les mêmes paramètres, mais là je n'ai rien de standardisé. du moins cela permet de voir le comprtement d'un thé par rapport à l'autre.
Qu'en pensez-vous? Et vous comment faites vous?
***
J'en profite aussi pour vous laisser entrevoir deux détails de mes deux dernières acquisitions de céramiques chinoises. Deux coupes de forme conique. Très bel émaillage, vraiment étonnant de nuances et de teintes...
Elles proviennent de CFOC (Compagine française de l'Orient et de la Chine). Une chaine de magasin d'objets chinois traditionnel que je vous conseille chaleureusement de visiter... (malgré la caractère un peu "colonial" de l'appellation)

dimanche 8 février 2009

Kung Fu Cha # 3 : amertume et technique d'infusion...


Un petit mot sur l'amertume suivi d'une petite digression à propos de la technique d'infusion:


On retrouve une composante amère présente dans beaucoup de très bon thés, en particulier les Dan Cong, le Rochers, les wulong taiwanais... Souvent, elle semble déranger de nombreux dégustateurs, du moins si l'on s'en tient aux commentaires des blogs...


Pourtant, il me semble que cette saveur complexe fait partie de la nature intrinsèque de la plupart des thés de bonne qualité et il me parait difficile de la faire taire sans étouffer complétement le thé dans sa richesse et sa complexité, une bonne part des caractéristiques aromatiques du thé me semblent corrélée à cette amertume.


Pour être plus précis, il faudrait parler de cette saveur au pluriel car il me semble qu'elle existe sous de nombreuses formes, dont certaines sont plus agréables que d'autres, et certaines totalement détestables...

Une "bonne" amertume ne me dérange pas du tout, au contraire. Pour moi elle se rattache à une dimension "sauvage" et "végétale" du thé, c'est le coté "plante" du théier (et je trouve même que la bonne amertume -celle qui est plaisante- est ce qui révèle au mieux la nature du théier dont les feuilles fraiches ont un gout assez amer lorsqu'on les mâche...)


C'est une saveur qu'il faut apprendre à apprécier. Instinctivement, l'être humain éprouve une aversion pour les saveurs amères (cela car beaucoup de plantes non comestibles et toxiques ont une saveures amères). D'après les expériences tous les nouveau-nés ont une aversion naturelle pour l'amer. Pourtant quand on cherche un peu à l'explorer l'univers de l'amer est assez intéressant, mais il faut un peu s'y habituer... d'ailleurs, il n'y a pas que le thé pour cela. personellement, je suis très fan de l'alcool de racine de gentiane Jaune (comme dans l'apéritif SUZE...)- la racine de gentiane jaune est considérée comme la substance "comestible" la plus amère. La première fois où j'en ai bu j'ai fait un peu la grimace, aujourd'hui j'adore.Il y a donc tout un cheminement pour découvrir et apprécier cette composante du goût...


Ce qui entre aussi en compte pour apprécier cette saveur, outre sa qualité, c'est la balance avec les autres saveurs, en particulier le sucré... Ainsi, c'est étonnant à quel point les apéritifs amers peuvent être sucrés (et, à mon avis, trop sucrés...). De même, les thés dont l'amertume sera plaisante seront bien souvent des thés qui ont aussi une composante moelleuse, sucrée, bien présente et affirmée.

Encore faudrat-il donner à cette composante l'occasion de s'affirmer et de s'exprimer. Bien souvent l'amertume sort des feuilles dès les premières secondes, tandis que le sucré mettra bien plus longtemps à se révéler... Alors, bien souvent, si on veut modérer l'amertume, c'est peine perdue d'infuser très court; il faudra aller chercher le rééquilibrage par le sucré en infusant longtemps et même très longtemps...
Avec les thés que j'ai l'habitude de boire (essentiellement des Dan Cong, Rochers et miéllés), une moyenne 2'30" à 3' me semble de plus en plus une bonne "fourchette" pour permettre à l'infusion de réveler une photographie complète, nuancée et détaillée, d'un thé. (Parfois les infusions, me font penser au développement argentique des photos N/B..) Et cela sur des dosages d'environ 4 à 5 gr pour 10 cl.
Mais il y a peut-être plein d'exceptions pour les thés que je ne connaîs pas... J'avais déjà abordé en détail cette question par la passé.
Mes impressions se confirment et s'affinnent: il faut effectivement infuser longtemps, mais plus que je ne le pensais alors. Un minute trente à deux minutes me semblait alors la bonne fourchette, aujourd'hui j'aurais tendance à dire que c'est trop peu pour véritablement atteindre l'équilibre des composantes constitutives. Avec certains thés, infuser 2' me semblait un plus mais pas un optimum car on vait aussi une certaine dureté, de la raideur ; j'en étais à deux doigts d'en conclure à l'innefficacité de ces hypothèses "d'infusions longues" quand j'ai eu l'idée de le faire infuser 3'... où j'ai pu constater un réajustement, un basculement de l'équilibre en faveur du moelleux.

J'avais aussi un peu peur de trop doser avec ces hypothèses d'infusions longues. Actuellement, il me semble qu'il ne faut pas faire trop "light" si on veut permettre à certains détails ténus de s'exprimer, je n'ai pas eu "d'effet overdose", pas de cas où le thé était trop concentré pour être buvable...

Il me semble aussi que si on démarre avec de longues infusions cela ne sert à rien d'incrémenter les temps d'infusions, du moins sur les 4-5 premièrs passages... Et curieusement, j'ai encore pu constater que le thé ne s'épuisait pas vraiment plus vite avec des temps très longs. On arrive à faire presqu'autant d'infusions.
Encore une chose, infuser "très" longtemps permet souvent de bien de s'assurer de la qualité véritable d'un thé. Si il y a vraiment une anomalie ou une faiblesse, le thé sera dégeulasse si il est trop infusé... en fait je suis assez enclin à peser que seuls les thés poussés dans d'excellente conditions auront cette capacité à se révéler dans la longueur des infusions... Mais j'insiste, je ne prétends pas que se soit nécessairement "la" bonne manière de faire dans tout les cas et que cela ne souffre pas d'exception.


Voici mes dernières impressions concernant ma pratique du Gong Fu Cha sur les wulong...


Toutes mes excuses à mes plus fidèles lecteurs et lectrices qui remarqueront certainement que l'essentiel de ce texte est un "copier-coller" remanié d'idées que j'avais développées dans le fil des commentaires il ya un petit moment. Mais comme tout le monde ne prend pas le temps de lire les commantaires en détail, et que je voulais un peu remettre à plat tout cela, je me permet cette redite...


J'espère aussi que cela redonnera une nouvelle occasion pour nous d'échanger à propos de la technique d'infusion et de profiter de l'interactivité du blog. (Allez! les "timides" aussi peuvent donner leur avis, c'est toujours bienvenu...)
Aussi, je trouve souvent dommage que ceux qui font des compte-rendus de dégustation ne communiquent que trop rarement la manière dont ils infusent leur thé... Alors, c'est difficile de savoir sur quoi ils basent leurs impressions...

Par ailleurs, à ce sujet, j'ai aussi toujours trouvé vraiment déplorable que la quasi-totalité des marchands ne communiquent pas (ou très peu et de façon très impressionniste) ce qui serait, selon eux, les paramètres optimums d'infusion de leurs thés (libre après à l'acheteur de les respecter ou pas). Il me semble que cela permettrait aux clients de se faire une idée du produit la plus congruente avec l'idée que s'en fait celui (ou celle) qui a pris la responsabilité de commercialiser le produit. C'est vrai que chaque thé peut être mis en valeur de différentes manières suivant les paramètres utilisés et qu'il ne faut pas figer les choses dans une recette, qu'il faut faire suivant "son" goût ou même selon son humeur du jour... Mais donner les repère pemettant d'atteindre l'optimum permettrait au consommateur de se faire une opinion la plus favorable du produit.

Il me semble qu'il y a bel et bien une sorte d'optimum objectif dans "l'esthétisation " de chaque thé... Personnellement, je n'ai jamais cru au "relativisme esthétique" en matière de goût, en gros, l'idée trop facile que "les goûts et les couleurs ne se discuttent pas" . C'est trop souvent une excuse fallacieuse et facile pour refourguer de la merde aux consommateurs qui ne réchignent pas à en consommer - la variante esthétique de l'aliénation politique, d'une certaine manière... (mais c'est un sujet que je ne souhaite pas développer maintenant, j'y reviendrai ultérieurement...)

D'ailleurs, le discours des marchands qui pronnent le "chacun son goût" au niveau de la technique est bien souvent inconséquent et contradictoire sur le plan de la logique du discours. Si on prône le relativisme esthétique du goût accorder un quelquoncque crédit à la notion "d'expert" ou de "maître de thé" est une absurdité complète. Si on fait confiance à un marchand sur la durée, c'est bien parce qu'on estime qu'il est compétant en la matière, bref qu'il a bon goût. Aussi, bien souvent ceux qui ne donnent aucune explications ont bien souvent le culot de répondre aux clients qui se plaignent de leurs produits que ce n'est pas leur produit qui n'est pas bons mais leur technique d'infusion qui est inadéquate... alors, faudrait savoir! ? A moins que cette opacité communicationnelle ne soit qu'une manière de se décharger de sa responsabilité de vendeur sur le client... ?


Bon, bon... je m'écarte et m'echauffe un peu... Et tout cela ressemble de plus en plus à ...de l'amertume ;-) .

(au sens moral, tout un champ sémantique s'est developpé autour de cette étrange saveur... y aurait eu des développement à faire)



Mais bon, d'un côté, je ne pense pas que cela fasse du mal aux amateurs de thé qu'on les laisse un peu chercher sur les chemins de l'illumination sensuelle qui peut se trouver cachée dans des feuilles de thé. Il ne faut pas trop leur mâcher la besogne. C'est certain. Ce travail de recherche sur l'art d'infuser leur permet de développer leurs perception et la compréhension du produit à travers un savoir issu de leur propre expérience personnelle plutôt qu'à travers un parasitage sur le savoir élaboré par autrui... Car rien ne vaut la valeur d'une connaissance acquise par l'expérience, elle est toujours bien supérieure à tout autre.

Peut-être, y a-t-il ici une espèce de leçon à apprendre, à la manière d'une "sagesse orientale" (oui, je mets des guillemets à ce terme...) Quelque chose qui laisserait à penser que "les bonnes choses" doivent se gagner par une ascèse personnelle, qu'il faut le "mériter" vraiment pour y arriver... Il faudrait donc distinguer ici ceux qui refusent de communiquer l'information pour des raisons "spirituelles" d'accomplissement de ceux qui le font par opportunisme... mais je préfère vous laisser découvrir par vous-même comment faire cette distinction...